L’Art de devenir une équipe AGILE.
Par périodes, je prends la mer, à la voile. C’est ressourçant. La mer apporte aux hommes l’humilité, la sérénité, la lucidité. Chaque fois, on en revient épanoui, confiant, pragmatique.
Lors du dernier tour Corse-Sardaigne, j’ai lu chaque jour, au petit matin. Un peu de tout, pour divertir l’esprit. Philosophes, ethnies, grands reporters, leadership… Dont un livre, à la fois consistant et attirant, d’un grand intérêt face aux réalités actuelles en entreprises : L’Art de devenir une équipe agile, par Claude AUBRY, illustré par Etienne APPERT, aux Editions DUNOD.
Ce bouquin très concret débute par une définition qui cerne bien les défis actuels : « L’agilité est la capacité à créer des produits et services en procurant régulièrement de la valeur ajoutée, tout en répondant aux changements dans un environnement incertain et turbulent. ../… Par contre, l’agilité, ce n’est pas de l’agitation… ».
Effectivement, dans l’entreprise d’aujourd’hui… Il ne s’agit pas de céder à toutes les urgences ou tous les caprices inconsidérés. Mais de s’adapter en gardant le cap, la vision partagée par tous, dans une efficience réelle, proche des réalités opérationnelles, dans un univers en mouvement. (Tiens… Tel un voilier au beau milieu de l’océan… Ca me parle beaucoup).
Très différent de nombreux autres… ce livre montre parfaitement comment la philosophie « AGILE » apprend, par la pratique, à valoriser les personnes et les interactions, plus que les processus et les outils. Comment… elle privilégie la collaboration avec le client, plus que la négociation d’un contrat formel. Comment… elle s’adapte au changement, davantage que de suivre un quelconque plan préétabli. Comment… elle met en avant le fonctionnement dans la pratique, plus que la documentation détaillée.
Ce qui ne veut pas dire que l’on néglige certains éléments. Mais plutôt, que l’on choisit, constructivement, en concertation, d’en privilégier prioritairement, certains autres.
Un des réels intérêts concrets de ce bouquin… c’est qu’il résume fort bien les risques autour de la pratique de l’agilité (en montrant surtout comment éviter ces risques).
La philosophie « AGILE » est contemporaine et pragmatique. L’agilité est répandue dans les intentions. Mais elle est loin de l’être, dans les faits. Le grand challenge actuel est de combattre le « faux-agile ».
Et pourtant, il existe de nombreuses raisons pouvant expliquer cette réelle méprise : parler d’agilité, sans faire preuve d’agilité…
Ce livre pratique, à la fois didactique et amusant, illustre habilement les raisons qui expliquent le ‘faux-agile’ ; sur base de l’acronyme « IMPRO ».
– IGNORANCE. C’est à dire méconnaître la pratique AGILE. Réduire l’agilité aux ‘Geeks’… c’est clairement passer à côté du concept, et de toute sa consistance globale, plurisdisciplinaire.
– MISONEISME (Hostilité au changement). Un grand classique… Rabaisser la pratique du ‘management visuel’ à l’utilisation de quelques ‘post-it’ colorés… pour surtout refuser l’ouverture d’esprit et l’innovation sociale, qui sont proposées. Car la réelle dynamique collaborative est bien plus performante qu’il ne pourrait y paraître, aux yeux de ceux qui voudraient la rabaisser à un bricolage coloré, enfantin.
– PEUR. Trop souvent, la peur pousse à s’ancrer dans les pratiques du ‘contrôle’… alors que l’agilité s’épanouit par un réel climat de confiance. Pour permettre une pleine agilité, il faut chercher à modifier culturellement certains paradigmes, dans les pratiques du management. Aborder les choses sous un angle véritablement différent. Ce qui ne signifie absolument pas ‘perdre le contrôle sur le processus’. Mais assurer ce processus, sur base d’une culture permanente de la confiance : qui fait grandir les potentiels et multiplie la flexibilité, l’innovation, l’évolution.
– RATATINEMENT. Réduire la portée de l’agilité à un petit morceau d’un gros processus qui globalement n’évolue pas… C’est ‘ratatiner’ le concept d’agilité. Et c’est au mieux obtenir une avancée locale, qui aura peu d’effet transversal.
– ORGUEIL. « Pas besoin d’impliquer les utilisateurs, cela nous ferait perdre du temps. Je sais ce qui est bon pour eux… ». Penser que l’on peut se passer d’une notion centrale de l’agilité (la rétroaction), c’est faire preuve d’un orgueil pour le moins dangereux.
Vraiment, je vous encourage à plonger quelques heures dans ce livre opérationnel. Mais surtout, à le partager en équipes pluridisciplinaires.
En commençant par le faire lire, dans la bonne logique classique… « Top-down ». Sans quoi, on restera évidemment bloqué dans une fausse-agilité… Très éloignée du profond besoin d’innovation et de capacité d’adaptation.